Quand les dates permettent de garder les souvenirs vivants
Quand on perd quelqu'un que l'on a beaucoup aimé, que ce soit de longues maladies, ou subitement. Que l'on ait eu le temps de se préparer, bien qu'on n'est jamais assez prêt, ou que l'on subisse cette mort de plein fouet, la peine est là sous toutes les formes possibles.
Personnellement, j'avais beaucoup d'espoir par rapport à l'opération prévue. Rien ne présageait le décès, en tout cas on ne nous avait pas averti d'une possibilité, et pourtant...
J'avais grandi avec l'idée que Papa n'aurait jamais 50 ans. C'est ce qu'on me disait sans cesse quand j'étais gosse car mon père avait eu beaucoup d'infarctus et c'était de famille.
Après un décès, on se raccroche à des dates.
Le 12 décembre 2018, je suis allée avec mon père au rendez-vous chez le chirurgien. Il veut faire l'opération le plus rapidement possible. Papa était quand même de plus en plus fatigué et on voyait qu'il respirait mal. Je peux encore vous dire avec précision ce que nous avons fait ce jour-là après avoir quitté l'hôpital.
Ensemble nous avons choisi la date du 3 janvier 2019 car cela permettait à Maman et lui de profiter de Noël ensemble. Heureusement ! Il est mort le 9 janvier... Dans notre chagrin, nous savons qu'il était encore avec nous pour les fêtes.
Le 1er janvier 2019, chouette, c'est la Choucroute à la maison. Papa et Maman viennent !
Le 2 janvier 2019, j'accompagne Papa à l'hôpital. Maman reste à la maison, elle est toujours malade de la leucémie et n'est pas encore très forte. J'ai vu le regard qu'ils se sont donnés quand il a quitté la maison. Un déchirement, mais je me sentais forte. C'est dingue, quand j'y pense maintenant...
Nous avons beaucoup parlé durant ce trajet vers le CHU Sart Tilman de Liège. De tout, de rien, puis aussi "si j'étais dans la nécrologie la semaine prochaine" comme il m'a dit.
Le 3 janvier 2019, ma soeur Julie et mon frère Jean-Pascal sont auprès de Papa avant de partir à l'opération. Heureusement ! C'est la dernière fois qu'ils parleront avec Papa. "Je reviens la semaine prochaine" dit -il quand il part en salle d'opération.
Cette date est le début de notre cauchemar !